Civilization… Aaaaaah, Civilization…
Cela faisait trop longtemps que je bavais devant les rapports de partie de notre ami Tranxenne, bien trop longtemps. Je me décidais à ré-installer Civilization V, pour épancher ma soif de pouvoir. Après quelques menus essais de parties infructueuses, plates et mornes, il me prit une soudaine et sage inspiration:
Je me mis ensuite à la recherche d’un mod sympa qui fonctionne sur Mac, et découvris History Rewritten (plus d’informations disponibles sur le forum de Civfanatics ici: http://forums.civfanatics.com/showthread.php?t=431470). HR comme nous l’appellerons dans la suite de ce post, est un mod développé pour la version Mac Os de Civilization IV et son extension légendaire Beyond the Sword, ce qui m’arrange pas mal, mais il fonctionne cependant également sur les versions Windows. HR, comme nous l’appelons désormais, propose pas moins de 49 civilisations différentes avec leurs leaders animés propres, des graphismes uniques pour chacune d’entre elles, un arbre technologique revu, des nouveaux traits, de nouvelles civics et tout un cool tralala que je vous invite à découvrir sur le thread dédié du forum de Civfanatics (lien ci dessus, mais pour les flemmards je vous le remets: http://forums.civfanatics.com/showthread.php?t=431470).
Une fois le mode installé et quelques bidouilles effectuées (il s’avère parfois nécessaire de mettre les mains dans le cambouis), je me lance une partie sur une carte de taille ‘giant’, en mode marathon, sur une carte de type ‘continents’, avec toutes les victoires possibles, et en difficulté Noble – ‘Difficulté Noble’ sonne vachement bien mais ce niveau de difficulté demeure peu glorieux. Il faut dire que je sors d’un peu de Civ5 et d’une longue absence sur Civ en général. Tout comme Tranx’, notre shaman de Civilization, je lance la partie et laisse le choix de ma civilisation au pur hasard.
Laissez moi alors vous conter l’incroyable et merveilleuse Histoire…
... de Sargon des Sumériens, avec son joli drapeau qui arbore une sympathique tête de vachette.
PROLOGUE (I know what you did last Sumer)
Nous étions assis au bord du lac, mes compagnons et moi, à discuter d’une bête légendaire qui ronge les troncs d’arbre grâce à une paire de dents gigantesques, et se meut à une vitesse supra-luminique à l’aide d’une élégante queue plate. Les heures passèrent et l’un de nous rêva à voix haute:
» On se sent bien ici. On pourrait s’arrêter un peu, faire une pause… Profiter de ce lac, des arbres, et de tout ce que cette terre a à nous offrir! Cet endroit est idéal pour se reproduire en paix. Je le sens propice à la fornication!
– D’accord, mais enlève tout de même ta main de ma cuisse s’il te plait.
Je jetais alors un lent coup d’oeil aux alentours, et, pris d’une illumination m’écriais:
» J’y pense! Si cette bête ronge les troncs d’arbre avec les dents, qu’est ce qui nous empêche de faire de même, nous avons aussi des dents! Enfin, vous surtout.
En 4000 avant le prophète, le coeur gonflé d’allégresse par la quiétude et la beauté des paysages, je donnai mon premier ordre digne de ce nom à mon peuple:
» Allez au boulot bande de feignasses! Courrez me ronger des beaux arbres pour nous construire de solides bâtisses!
Et c’est ainsi qu’en cet an de grâce fut fondée:
Uruk. Un nom qui épouse à merveille la poésie des lieux.
Uruk, ma capitale donc, jouit d’un terrain assez favorable car riche en ressources: coton, blé et marbre. J’aperçois en plus des troupeaux de fiers bisons ainsi que, au loin, des petits cochons mignons à croquer, et l’envie me prend d’aller les serrer dans mes bras et de me rouler dans la boue pour exprimer mon bonheur. Ah! Fiers petits cochons! J’aboie à notre vieillard le plus érudit l’ordre de rechercher la recette du bacon. Je bave, quelle terre riche en promesses!
Mais, comme il se doit, je ne me laisse pas gagner par l’émotion, et commande à mes deux groupes d’explorateurs d’aller farfouiller dans le coin tant qu’ils le peuvent. En d’autres termes, jusqu’à ce qu’ils crèvent, dévorés par des bêtes sauvages. Je leur indique la direction d’un village proche qu’il serait bon de visiter. Les habitants de cette bourgade au charme rustique nous offre un autre groupe d’explorateurs, et en -3940 tout ce joli monde se lance corps et âmes dans la découverte de ces territoires majestueux qui ne demandent qu’à connaître le frisson de l’Histoire à venir.
L’ERE ANTIQUE
J'ai dit l'Histoire, pas les Américains!
En -3880, mes explorateurs partis à l’Est, au delà des montagnes, entrent en contact avec une autre civilisation: Les Américains. Beuark. Notre premier contact est glacial et irrité, nous toisons nos barbes respectives et convenons secrètement que, certes, la barbe donne de l’allure mais l’un de nous deux visiblement a plus de goût en la matière, en l’occurence moi. Ce contact tendu est accessoirement dû au fait que, malgré l’apparente immensité du continent, nous nous trouvons bien trop proches l’un de l’autre. Heureusement la géographie nous offre une frontière naturelle et sécurisante: une chaîne massive de montagnes impossible à traverser. Par conséquent les points d’accès à l’Est, et pour Lincoln, à l’Ouest, deviennent rapidement des points stratégiques qu’il faudra surveiller et si possible maîtriser. D’ailleurs ce salopard de Lincoln, je l’ai dans le pif, et je compte bien le maîtriser à un moment ou à un autre. Nous nous quittons rapidement, et je ne manque pas de lui glisser une vacherie sur son odeur corporelle.
Je découvre rapidement d’autres voisins au Sud grâce à ma puissance d’exploration: les Tibétains, les Assyriens et les Byzantins. L’inquiétude grandit, ça fait pas mal de monde rassemblé sur le même coin du Monde. Par ailleurs les territoires du Sud sont bien plus fertiles que les grand espaces du nord, où règnent la toundra et la glace. Je relativise cependant, les distances sont conséquentes, il nous aura fallu plus de trois siècles pour entrer en contact, à priori on ne va pas se mettre sur la tronche tout de suite.
Au fur et à mesure que l’exploration évolue, mes troupes doivent faire face à diverses bestioles exotiques plus ou moins dangereuses. Ainsi se battent elles contre maintes hyènes et différents félins, notamment des jaguars. Le Sud est une jungle immense, mais les territoires sont riches pour ceux qui savent les exploiter. Je réalise que ça ne sera vraisemblablement pas moi à la vue de la taille vraiment conséquente de la carte, et du nombre de civilisations dans les parages. D’ailleurs en -3540 je rencontre Corvin Matyas des Hongrois, puis en -3480 Isabella des Espagnols. Eh bé. Ca promet d’être intéressant. D’autant plus que pour l’instant j’affiche le meilleur développement. Pensez donc, bouilli d’ambition je lance des projets insensés, comme celui de devenir le leader incontesté de l’exploitation des troupeaux de bisons.
Tout est bon dans le bison.
Quelques années plus tard, j’obtiens la preuve que mon territoire se trouve bien au Nord du continent, et découvre par la même occasion qu’il n’existe pas d’accès maritime pour le contourner à cause de la glace. On envoie nos meilleurs nageurs pour s’en assurer. Ils meurent a bout de trois minutes, tant pis. Le plus important est que sur ces terres vivent en harmonie ces animaux légendaires, aux incisives impressionnantes, majestueuses et terrifiantes, que nous nommons ‘castors’. Quelle découverte. Les castors. Cela me rassure de les savoir épanouis et libres, batifolant dans la toundra. Je reste cependant interloqué face à leur discours.
« Scrouitch?
– Scrouitch?
– Scrouitch, scrouitch!
– Mais… Pourquoi?
Je concentre mes recherches sur le minage, pour bien entendu me permettre ensuite de travailler le bronze. En effet, le nombre de mes voisins me laisse peu de choix quant à la direction à prendre dans un premier temps: il me faut sécuriser mon territoire, armer mes gens décemment, et pourquoi pas après étendre mon royaume. J’ai dans l’idée de coloniser un jour l’Est, pour gagner un accès à l’océan qui borde l’autre côté du continent. Pas d’énervement cependant, je n’ai pour l’instant qu’une seule ville.
Poursuivant l’exploration sans relâche, je fais la connaissance des Phéniciens, puis des Vikings. La vie est plutôt paisible, et seules les bêtes sauvages constituent véritablement un quelconque danger. Un troupeau de mammouths, par exemple, rôde aux alentours de ma capitale et occupe un territoire que j’aimerais m’approprier. Il contient un fleuve gigantesque qui serpente depuis Uruk jusqu’au pied de la chaîne montagneuse, pour se jeter dans l’océan à l’Est. Il n’en saurait être autrement: ce fleuve est mien. Mien!
» Traduisez moi en américain: Touche pas à mon fleuve Lincoln!
Les terres le bordant sont riches et fertiles, elles permettront à mon peuple de copuler et de croître allègrement, menant une vie de stupre et d’oisiveté, paisible, sur les rives du majestueux cours d’eau.
On trouve des truffes dans la forêt d’Uruk, c’est l’abondance. Mon premier colon sort enfin de la ville pour aller fonder une nouvelle cité, promise à un glorieux avenir. Son nom est Eridu.
Son nom fit l'objet de nombreux débats passionnés. l'usage de trois voyelles différentes divisait les érudits du pays. On considérait en effet jusqu'à présent qu'il était sain, et tout à fait convenable, de n'utiliser qu'une seule et même voyelle, quitte à la répéter. Il paraitrait qu'en plus le 'u' est la voyelle nationale de la nation sumérienne. Il n'empêche qu'au final, les propositions de 'Erede', 'Urudu' ou encore 'Iridi' furent écartées. On se promit néanmoins d'utiliser plus de 'u' pour les prochaines villes.
Craignant l’avancée de mes voisins, j’étais anxieux de m’installer sur cette côte riche en ambre et qui bénéficie, de surcroît, de la proximité d’un nouveau troupeau de bisons. Je note que je suis le premier à fonder une nouvelle ville, ce qui flatte mon ego. Devrais-je déjà parler d’empire sumérien?
Mes explorateurs trouvent bon à cette époque de contacter un nouveau peuple: les Indonésiens, dirigés par un leader au nom comique, Dharmasetu.
"C'est seyant dites moi cette petite tenue que vous portez là."
En -2750 je me rends compte que mes explorateurs ont fait du bon boulot, je connais déjà une grosse partie du continent. J’en profite pour jeter un coup d’oeil plus sérieux aux ressources disponibles ici ou là. Un bout de jungle pas vraiment loin, mais pas vraiment proche non plus, regorge de jade, d’or et de jungle. Je déprime un peu de les savoir hors de portée, il me faudra des années avant d’avoir une force militaire suffisante pour protéger une ville lointaine et contigüe aux terrains assyriens, tibétains et byzantins. La poisse. Une nouvelle cependant m’emplit de joie: on a domestiqué de nombreux chiens de prairie près d’Eridu. Quelle ne sera pas ma déception lorsque je découvrirai qu’un chien de prairie, ça ressemble à un castor sans les dents et la queue plate, en plus petit et donc plus frêle. Comme ça ne ronge pas les arbres non plus, un chien de prairie, je décide qu’on les vendra contre plein de pognon. Et puis j’ai bien envie d’un slip en peau de chien de prairie. Qu’on appelle chien bien que, comme je le dis, ça ressemble à un castor sans les attributs. Et en parlant d’attributs, j’éclate de rire à la vue des dits attributs.
A mi-chemin entre Uruk et Eridu se trouve un gisement de cuivre , j’y fonde donc Ur, fidèle à ma promesse d’utiliser du ‘u’ à tout va. Et pour démontrer que je ne lance pas des promesses à la volée pour les oublier ensuite, je choisis un nom dans la tradition pour ma quatrième ville, construite en -2340: Shuruppak. La longueur du nom, la complexité des syllabes, l’audace dans le choix des consonnes stupéfient, et l’on s’accorde à dire que son destin sera légendaire.
Je la fonde à l'écart, accolée au fleuve et aux montagnes, à un endroit stratégique, car il me permet en partie de contrôler le passage vers l'Est, et d'imposer un avant poste vers l'Amérique et Byzance.
Sa proximité avec les Byzantins amène rapidement Shuruppak à réclamer son ralliement à cette civilisation de barbares sans barbe. Et comme le hasard fait bien les choses, mes explorateurs approchent une nouvelle civilisation, les Allemands. En effet leur leader, Frédérick II, est rasé de tellement près que des nausées me plombent l’estomac et toute envie de discuter. Je ne discute de toute manière que très peu avec les autres chefs, me concentrant sur l’extension de mon territoire et la création d’une barrière, afin de couper la route aux colons trop zélés qui voudraient s’installer dans la toundra, au Nord. Et emmerder mes gentils castors! Avec onze nations sur ce continent, il est hors de question que je partage moultes frontières qui seront autant d’ennuis diplomatique à gérer.
Je fonde Larsa en -2060, de manière à ce que Shuruppak ne soit plus trop isolée. Peu de temps après je découvre le travail du bronze. Je suis en mesure désormais de produire des troupes uniques aux Sumériens appelées ‘vultures’, que l’on pourrait traduire par ‘vautours’, mais je préfère de loin ‘charognards’. Je m’engage à produire plus de ces charognards que de raison, je tiens à profiter de cet avantage certain qui m’assure un brillant avenir diplomatique. On dira un jour que ces soldats d’élite tenaient leur férocité maléfique à leur faim de cadavres, dont ils se repaissaient avidement après chaque victoire au combat. Si c’est vrai, moi, ça m’arrange pas mal, comme je disais à l’un de mes conseillers: « Tant mieux donc, ça nous fait plus de croquettes pour les bisons! ».
Rendu fiévreux par toute la gloire qui se tient à portée de main, j’ordonne à la population d’Uruk de bâtir des pyramides dont la grandeur humiliera jusqu’au plus petit des pingouins sur la banquise. L’an -1620 est porteur d’espoir. J’abandonne la barbarie pour instaurer la Tradition, qui octroie un significatif coup de pouce culturel, et une belle progression du bonheur, notamment grâce aux cimetières que mon peuple construit depuis de nombreux siècles et qui abondent dans mes villes, comme un présage.
Grand bien me fit de former des charognards, car les barbares pullulent dans la région, et vont même jusqu'à fonder des villes proches de mes frontières. Je vais devoir assurer désormais mon extension par les armes.
En -1390 je dépose mes poutres sur la côte Est, arrachant par là même aux Byzantins un gisement de cuivre. Je développe la culture dans le coin, pour que les frontières de la nouvellement créée Nippur rejoignent celles de Shupurrak. J’isolerai de ce fait les Américains, et interdirai le passage à quiconque vers le Nord.
La colonisation barbare apporte son lot d’inconvénients, mais m’arrange dans un sens car je n’ai pas de réel besoin de former des colons, il me suffit d’assiéger les villes. L’inconvénient majeur étant que je ne puisse pas choisir l’emplacement, mais bon, toutes ces bastons offrent à mes charognards la possibilité d’acquérir une expérience de la guerre qui sera déterminante par la suite.
Mon premier assaut de ville, sur Sarmatian, avec une poignée de charognards. Encore une fois les débats furent interminables quand il fallu décider de garder la ville, ou pas. L'usage de trois 'a' dans un même nom et pas un seul 'u' provoqua l'ire des plus conservateurs des Sumériens. Je décidai que, de toute manière, toutes ces histoires de 'u' commençaient à me courir sur le haricot, on allait la garder.
J’enrage lorsqu’en -1180 Lincoln termine la construction des Pyramides avant moi, à Washington. Je n’ai pour le moment pas la capacité militaire pour à la fois défendre mon territoire des hordes barbares et partir à la conquête des villes américaines, mais j’y travaille.
« M’entends-tu Lincoln, j’y travaille! »
Il faut savoir que mon empire, comme j’aime désormais à l’appeler, est le troisième plus vaste du Monde avec un m majuscule, rien que ça. Je remarque aussi la progression conséquente des lointains Indonésiens. Ils fondent le judaïsme en -990, religion que j’adopte cinquante ans plus tard. Je suis étonné qu’elle arrive aussi vite par chez moi, alors que les Espagnols avaient fondé le christianisme, et les Tibétains le bouddhisme, en -1390. J’ai tendance à croire que Dharmasetu cherche un petit peu la merde. On entend quelques années plus tard des rumeurs comme quoi une civilisation inconnue aurait fondé le druidisme.
En -850 je capture la ville barbare de Khazak, au Nord-Ouest, et continue de me battre contre les troupes errantes qui surgissent des territoires non-surveillés, tant au Nord qu’au Sud. 150 ans plus tard, les onze civilisations du continent se sont converties à une religion. Le score est de cinq partout pour le christianisme et le judaïsme, le Tibétain, lui, est isolé à croire tout seul à sa saleté de bouddhisme. Il ne tardera pas à croire au Christ plutôt qu’à Bouddha sous la pression de ses voisins. Mes voisins à moi, les Américains et les Byzantins, sont catholiques, du coup on ne s’entend pas très bien, et je suis certain que Lincoln le fait exprès pour me pourrir la vie.
Bien qu’impatient d’aller en découdre avec lui, je tâche à cette époque de ne pas trop ternir nos relations, afin de conserver l’initiative de la guerre. Lorsqu’un mariage entre nobles Sumériens et Américains capote à cause d’une bête question de religion, je me garde d’envenimer la situation.
L’ERE CLASSIQUE
Et comme un malheur ne vient jamais seul, je fonde l'Islam -465.
J’aborde cette nouvelle ère avec la création de l’Islam à Shuruppak, mais ne l’adopte pas car le bonheur procuré par le judaïsme me permet de poursuivre la construction d’une armée pour aller démonter Lincoln, et aussi pour me prémunir d’une guerre avec les catholiques qui contredirait mes plans. Isabelle n’arrête pas de me casser les noix à me demander de me convertir, alors je l’envoie ballader bien vulgairement comme il faut. Je préfère, dans ce contexte, être pote avec le puissant Indonésien. Cette amitié ne me protégera pas des Byzantins cependant, qui construisent des villes à mes frontières et dont le caractère augure des relations difficiles. Je fonde Kish, pour freiner leur expansion.
Nous sommes en -400 et les propositions d’alliances militaires deviennent plus fréquentes, certains n’hésitant pas à faire fie de la croyance pour obtenir des troupes fraîches en soutien. Je refuse catégoriquement toute proposition, dans la mesure où je dois envisager ma propre guerre contre les Américains, dont je rêve depuis longtemps. Je prétends que mes charognards puent trop du bec à force de bouffer du cadavre.
Le situation aux frontières devient, en plus, insupportable:
Il me prend l’envie d’unifier les peuples de la région. C’est vrai quoi, on ne va pas pouvoir continuer à se toiser longtemps, et puis Lincoln a osé construire Philadelphie sur les rives de MON fleuve. Merde à la fin. On leur donne la main et ils vous prennent le bras! Je dois lui expliquer mon projet d’une société unifiée, cela devient impératif. Nos peuples doivent marcher main dans la main, regarder dans la même direction, parler la même langue, manger du bison et du chien de prairie aux truffes.
Je déclare donc la guerre à Lincoln en -235. J’ai constitué une armée correcte pour donner les premiers coups, et des renforts sont constamment en route depuis l’Ouest pour assurer une rotation correcte des effectifs. Je me dirige sur Philadelphie et prends la ville en un tournemain. Lincoln commence à bien piger mon projet de société.
Les forces américaines sont frêles et mes charognards castagnent comme des beaux diables, ça fait vraiment plaisir à voir. J’avance inexorablement et perds un nombre limité de troupes. J’obtiens également le renfort d’un grand général, Oliver Cromwell.
En -195 un grand prophète bâtit le Masjid al-Haram à Shuruppak, la ville rayonne et les muezzins s’en donnent à coeur joie. Dix ans plus tard, New York tombe, et je décide de lancer mes troupes à l’assaut de la capitale, délaissant pour l’instant les autres villes. Il se trouve à proximité de Washington un gisement de fer que je ne désire pas voir atterrir en d’autres mains que les miennes.
Les jeux Olympiques sont organisés pendant ce temps à Uruk, et Cao Cao, un autre grand général, rejoint mes forces. En -100 Washington tombe, et les Pyramides entrent en ma possession. Je mène ma guerre peinard, mes troupes affichent une supériorité indécente sur les forces de Lincoln, qui voit sa fin arriver, inexorablement. Et pendant ce temps tout le continent se déchire dans des guerres intestines. J’essaie donc d’en profiter, pour diminuer les Byzantins autant que possible. Et pour cela rien ne vaut un bon Viking bien furieux comme il faut, à qui j’offre le secret des mathématiques, pour lui permettre de construire des jolies catapultes qui iront démembrer du Byzantin.
En -45, galvanisé par la victoire, le peuple Sumérien adopte l’Islam comme religion d’état. Adopter l’Islam en pleine guerre contre les Américains, c’est tout un symbole que j’envoie à la face de la planète. J’affiche mon indépendance totale vis à vis des peuples juifs et catholiques. Et autant dire que je vois bien l’Islam écraser les autres croyances avec panache.
Quarante ans plus tard, les habitants de Shuruppak construisent ma première merveille nationale, le Cimetière Royal. Il règne dans l’empire Sumérien, en ce temps là, un petit quelque chose de surréaliste, ainsi qu’une fascination pour la mort qui confine à l’obsession. Je pourrais résumer mon empire en quelques mots en fait: mort, Islam, bison, castor. Bien que je foute une paix royale aux castors.
En 45, Uruk bâtit le temple d’Artémis, qui amplifie ma production grâce au marbre tout proche. Quinze ans plus tard, je frémis lorsque des hordes barbares déboulent près de Seattle. Ces villes sont peu défendues, car loin de tout danger immédiat, et mon armée s’attache à découper les derniers Américains du continent. Je digère mal la nouvelle, j’entrevoyais la fin de la guerre et une opportunité de faire prospérer mes conquêtes.
Mes armées détruisent les Américains une bonne fois pour toute en 70. Je ne me doutais pas vraiment que la guerre durerait aussi longtemps, mais bon, l’important est que ce territoire est sécurisé et que j’accède maintenant aux deux océans.
La joie est de courte durée car les barbares s’emparent de Nippur. Mes charognards la reprennent peu de temps après, mais j’ai eu chaud. Ces salopards auraient très bien pu la raser. Je n’ai de toute manière pas vraiment le temps de m’apitoyer sur mon sort, mes relations avec Constantin au Sud se dégradent. Mes imams partent convertir les populations à l’Islam , et je négocie l’échange de progrès technologiques avec d’autres civilisations. Je me rends compte que mon aveuglement guerrier de ces dernières années m’a isolé de la scène diplomatique, et je crains les alliances opportunistes. Un présage se présente alors à moi:
Un fier et très ancien peuple de castors, qui vit sur les rives d’un fleuve qui sépare toundra et neiges éternelles, ronge rageusement ce qui ressemble fort à des os humains près de ruines d’une cité dont le nom demeurera à jamais oublié. Aurait-elle connu la fureur de castors guerriers venus reprendre ce qui leur appartient? Les territoires du Nord…
« Allah O Akscrouitch! »
Ma foi est inébranlable, mais mon économie un peu chancelante. Je possède quelques réserves de bon fric mais mon empire commence à me coûter cher. Je privilégie cependant la recherche de la politique, afin d’entraîner des espions. Ces espions me permettront de mener la guerre dans l’ombre, pendant que je rétablis la situation d’une manière ou d’une autre. Les missionnaires catholiques parcourent pendant ce temps des distances incroyables pour répandre leur foi moisie, alors que de mon côté je continue de lancer mes imams à l’assaut des villes frontalières. Il serait bon d’attiser un peu la sympathie à mon égard, surtout si un jour les esprits s’échauffent.
Je devance un moment Dharmasetu, qui devient très puissant, mais celui-ci ne met pas longtemps à repasser en tête des plus importantes nations. Je ne m’inquiète guère dans la mesure où les Indonésiens se trouvent à l’extrême sud du continent, et de toute manière j’ai fort à faire avec le Byzantin qui commence à amasser des troupes aux frontières. Il semblerait qu’il veuille me proposer un projet de société. En 235 je soutiens une organisation criminelle locale de la ville byzantine de Shangian. En 260 je découvre enfin le secret de la politique, et mes villes peuvent désormais former des espions.
Viktor Griph, espion illustre, est formé dans la ville de Sarmatian, que je destine à l’espionnage. Il construit donc Scotland Yard, qui améliore considérablement mes capacités dans ce domaine. Ce qui devient rapidement indispensable, mes imams peinant à répandre l’Islam dans des villes généralement acquises aux deux autres religions dominantes. Mais je leur avais bien dit aux imams, de parler plus fort, ils marmonnent leur babouille dans leurs barbes, on dirait des chanoines qui ânonnent l’évangile comme des brebis bourrées.
» Mettez y du coffre quoi, merde! »
Je fonde Lagash, une ville perdue au Nord, dans les glaces, mais à proximité de juteux gisements d’argent, et en 325 je produis mon premier espion. Un peu tard en fait, car en 335 Constantin vient me présenter son projet de société. C’est la guerre.
Les frontières avec les Byzantins, 30 ans auparavant.
L’ERE MEDIEVALE
Il fonce vers Shuruppak, berceau de l’Islam, avec une armée plus moderne que la mienne. Je suis sûr que ce con se croit en croisade. Mais, en fait, à tout bien y réfléchir, c’est une croisade! Me v’là beau. Je flippe. J’ai au même moment un colon qui traîne ses guêtres du côté des frontières assyriennes et tibétaines. Il fonde fissa une ville dont le nom m’importe peu, mais bon, elle se nomme Umma, voilà, dans l’espoir de l’échanger à Constantin contre la paix. En plus, elle est contigüe aux territoires assyriens et tibétains, de quoi alimenter quelques discordes. Je n’en reviens pas, une croisade…
La guerre tombe mal, mon économie est déficitaire car je souhaite maintenir au moins soixante pour cent de mon budget à la science, et je n’ai pas forcément la carrure pour tenir la cadence. En 355, Shuruppak est assiégée, et je met tout en oeuvre pour la protéger. A mon grand soulagement, la ville tient bon sous le terrifiant assaut de l’armée byzantine. Je perds tout de même Cao Cao dans la bataille. Il meurt vaillamment, auréolé de gloire pour sauver la ville Sainte. On arrache de justesse la dépouille aux mains des charognards qui commencent déjà à le bouffer.
Je profite de la victoire pour réorganiser mon armée et mes défenses. Je jubile lorsqu’en 400, un des mes agents convertit le peuple byzantin à l’Islam. Constantin qui, jusqu’ici était un fervent chrétien, se retrouve à diriger la croisade contre l’Islam en étant lui même musulman. Autant dire que je me fous royalement de sa gueule.
Je n’aurais peut-être pas dû, dix ans plus tard il prend New York, pour très peu de temps cependant. En 415 je fonde Girsu, à mi chemin entre mon empire et les territoires des castors, au Nord. Je construis immédiatement une mine pour extraire le précieux fer sur la colline voisine. Tout le peuple sumérien ressent le besoin impérieux de moderniser l’armée pour faire échouer la croisade de Constantin.
J’offre finalement la ville d’Umma aux Tibétains, cherchant à m’assurer leur soutien. Ces fieffés crânes rasés refusent néanmoins d’entrer en guerre à mes côtés. Je déplore l’islamophobie galopante. Francisco Pizarro prend la place du défunt Cao Cao à Shuruppak, mes espions sabotent les mines de fer de Constantin et l’on se prépare à subir la deuxième vague. Et pendant ce temps Isabella ne cesse faire du prosélytisme pour le Christianisme. J’en viens à me demander si elle n’est pas l’éminence grise derrière tout ce bordel.
J’absorbe le deuxième assaut à Shuruppak avec plus d’aisance que le premier, et me décide de me lancer à l’attaque d’Iconium un fois le choc absorbé.
Je sors aussi mon armée de Shuruppak pour fondre sur Angora, que je capture sans trop de difficultés. J’échoue par contre lamentablement à Iconium et abandonne le siège.
Je forme quelques imams sur le pouce afin d’imposer l’Islam ici et ailleurs, il ne sera pas dit que la nation sainte des Sumériens n’aura pas combattu avec style et panache. Mes espions me rapportent que Dharmasethu est entré en guerre contre Isabelle. Le fondateur du Judaïsme entre en croisade contre la fondatrice du Christianisme, il déchiquète les armées espagnoles qui plient sous les assauts meurtriers de l’immense armée indonésienne.
La guerre fait rage dans l’empire sumérien, l’énorme frontière qui me sépare de Constantin est le théâtre de combats incessants et plus meurtriers les uns que les autres. Tout le coups bas sont mis en oeuvre: pillage, actions éclairs des cavaliers en profondeur, sabotages de bâtiments et incitations à l’émeute. Une bien belle guerre en somme.
Shuruppak construit l’Angkor Wat en 495, j’admets que la période n’est plus si terrible. Certes, les armées de Constantin sont difficiles à mettre en déroute, mais l’empire sumérien, fort de ses vingt millions d’habitants, modernise son armée et dispose dès 520 de cavaliers lourds. Avec l’infanterie, lourde elle aussi, en support, je mène la guerre à mon tour en territoire ennemi, mais doit rapidement reculer car les renforts byzantins arrivent en nombre. Il est lourd aussi Constantin finalement.
Nous sommes ensuite en 556. Alors que je participe à l’audition des meilleurs muezzins du pays, je reçois la visite de Corvin Matyas, des Hongrois. Les Hongrois sont un peuple lointain, qui vit au Sud-Ouest, au bord de l’océan, et juif depuis de nombreux siècles. Les Phéniciens et les Allemands, catholiques, sont désormais les vassaux de Corvin Matyas, et tout ce petit monde évolue loin de mes frontières, quelque part dans la jungle à manger des hyènes, et ne devrait pas me porter beaucoup d’attention, vu que mon domaine, c’est plutôt le bison. Il n’empêche que cette raclure de Hongrois me déclare la guerre. Ouch. Saleté. Sale petite fouine de Corvin Matyas.
Je me jure de lui faire payer cette traitrise, bien qu’il soit normal qu’il cherche à m’affaiblir, je suis son concurrent direct et il souhaite surement éviter de titiller l’Indonésien, qui aime beaucoup taper dans tout ce qui n’est pas Indonésien. Voire taper tout court.
Je me retrouve donc en guerre contres les Byzantins, les Hongrois, les Allemands et les Phéniciens. J’ai comme l’impression d’être la tête de Turc de tout le monde, et aujourd’hui c’est ma fête.
Je fais donc la paix avec les Byzantins, un de moins à repousser. Mes villes travaillent d’arrache pied à produire un maximum de troupes, l’armée hongroise est déjà proche de Kish (lorraine). Quatre ans plus tard, sûrement encouragé par la Hongrie, Constantin me déclare la guerre à nouveau. C’est vrai que quatre ans de paix, ça fait beaucoup. C’est la panique, les armées sont en marche pour mettre à bas l’empire sumérien, et donc l’Islam, et donc les castors du grand Nord. J’abandonne Angora pour me réfugier à Shuruppak, laissant la ville aux byzantins. En 576, les Hongrois donnent l’assaut sur Kish, Constantin est en route pour Shuruppak. J’humilie Corvin Matyas lors de la bataille, et son armée bat en retraite pitoyablement. Il signera la paix vingt ans plus tard comme la petite fouine qu’il est.
Shuruppak tient bon sous les assauts démesurés de Constantin, et je défais son armée en 628. Je m’offre alors le luxe de prendre d’assaut une ville au Sud avec une force de frappe qui aime frapper. Je rase la ville de Trebizond. Je rase aussi Angora, qui demeure depuis trop longtemps au sud de Shuruppak. Je connais une période noire, étouffé par la croisade portée sur mon territoire, tout mon beau pognon sert à financer l’armée. Mes scientifiques sont envoyés se battre, et seuls mes espions me permettent d’obtenir des progrès en les dérobant aux Indonésiens et aux Tibétains.
Ivre de sang, je prends Adrianople puis Constantinople et me rends compte avec effroi que pendant ce temps, Dharmasethu a éradiqué les Espagnols et disposera bientôt de frontières communes aux miennes. Il déclare la guerre à Constantin et capture des villes au Sud que je me destinais. Les Byzantins ne disposent alors plus que d’une seule ville, maintenant au coeur de mon territoire, Iconium. Je lance mon armée à l’assaut de la ville, Dharmasethu également dans une course improbable. Je ne prends pas la peine d’utiliser mes engins de sièges, je n’ai pas le temps, et entre en force pour capturer la ville au nez et à la barbe des Indonésiens.
En 820 les Byzantins sont rayés de la carte. Me voilà en paix. Je dresse un bilan simple:
– Les castors ont la queue plate, mais ne se déplacent pas à la vitesse de la lumière pour autant.
– En -235 je déclare la guerre aux américains.
– En 70 Lincoln est dépecé sur une plage d’Atlanta.
– En 80 je communique avec Dieu, qui m’indique le chemin par le biais d’un serein petit groupe de castors guerriers.
– En 335 Constantin lance la première croisade contre l’Islam.
– En 556, la Hongrie se joint à la croisade, entrainant dans son sillage Phéniciens et Allemands.
– La même année je signe la paix avec Constantin.
– En 560, Constantin me déclare la guerre à nouveau. C’est la seconde et dernière croisade.
– En 576 la Hongrie, humiliée, signe la paix et laisse le soin aux Byzantins de s’en prendre plein la poire tout seul.
– En 820, Constantin est dévoré par une poignée de castors affamés à Iconium, les Indonésiens apprécient le spectacle mais rient jaune.
C’est pas pour me flatter, mais je peux dire qu’on s’est bien castagné, pour sûr. Bouffi d’orgueil, je sauve l’Islam, et son rayonnement inquiète follement mes voisins. Je dois ma victoire au peuple avant tout, dont la stabilité durant toutes ces années me permit d’inlassablement entraîner des soldats assoiffés de sang. Le bilan est cependant amer: mon économie est au plus mal, Dharmasethu partage désormais des frontières avec moi, il est très puissant, converti au Judaïsme et passablement énervé par l’Islam.
Ma priorité est alors de remettre l’empire sumérien sur les rails, affaibli par de trop longues années de guerre, et de tenir l’Indonésie à l’écart, de me la mettre dans la poche, et d’éviter à tout prix la guerre. Je ne me fais pas beaucoup d’illusions, elle viendra. L’Islam fait polémique, et le continent entier ne connaitra surement pas la paix tant qu’un glorieux Allah O Akscrouitch résonnera des murailles de Shuruppak.
Dharmasetu entasse les troupes à la frontière.
Je dois me méfier de Dharmasetu, mais également de Corvin Matyas qui prend son envol à son tour. A vrai dire, je dois les tenir tous les deux d’une manière ou d’une autre loin de moi. Et si possible faire en sorte qu’ils s’affaiblissent. Et par affaiblir j’entends bien sûr se charcuter la fraise avec enthousiasme. C’est pas gagné.
Je me retire alors loin au nord, pour vire parmi les populations de castor avec lesquelles j’ai d’interminables mais énigmatiques discussions.
« Aidez moi! leur dis-je. Que dois-je faire? »
Et pour toute réponse je n’obtiens que ‘Scrouitch Scrouitch Scrouitch’, comme une éternelle symphonie de dents qui rongent du bois.
« Raaaah, toujours ce maudit scrouitch! Scrouitch! Scrouitch! Pourquoi? POURQUOI?
La réponse qu’alors je lis dans leurs yeux tendres me frappe comme la foudre.
Mon plan est simple: je convertirai de force Dharmasetu à l’Islam, pour améliorer mes relations avec lui et lui ôter toute idée farfelue de me faire la guerre. Et puis cela détériorera de surcroît ses relations avec Corvin Matyas, son voisin, adepte du judaïsme et fouine notoire.
Mon agent en place en Indonésie, Max Gogf, infiltre la capitale Palembang en 852.
C’est la guerre froide. L’empire de Dharmasetu fourmille de mes agents qui exécutent diverses missions, et particulièrement le vol de technologie. Certains restent en poste à attendre leur heure. On distribue le Coran sous le manteau. Je sabote les bâtiments culturels de ses villes à mes frontières, et, de mon côté, accroît mon influence, notamment à Constantinople, ville rayonnante et prometteuse.
Malgré tout, la mission principale de mes agents demeure de convertir coûte que coûte les Indonésiens à l’Islam. Mes efforts précédents pour propager ma religion portent leurs fruits, dans la mesure où une petite moitié nord du continent la pratique, et par conséquent les villes indonésiennes les plus proches. Je réussis donc à ce que Dharmasetu adopte l’Islam comme religion d’état, du coup on devient presque potes.
En 856, pour assainir mes comptes mauribonds, je déplace ma capitale d’Uruk vers Shuruppak, la ville Sainte. Sa position centrale me permet d’alléger les coûts d’entretien des conquêtes américaines et byzantines.
Je connais mon âge d’or en 880. Salutaire, il me permet de donner un coup de fouet à mon économie, et donc à la recherche scientifique.
Interminablement, mes agents oeuvrent en territoire indonésien pour maintenir la paix, tandis que Dharmasetu et Corvin Matyas connaissent un essor fulgurant. Les Hongrois sont le peuple le plus cultivé à cette époque, et les Indonésiens sûrement le plus puissant. L’Assyrien ne s’y trompe pas, il devient le vassal de l’Indonésie. Je reste seul avec Ragnar à conserver mon indépendance.
Mon âge d’or prend fin en 940. J’entreprends de dynamiser la marine et de partir le plus tôt possible explorer les océans, et j’espère bien rencontrer de nouveaux peuples avec qui nouer des alliances fourbes. Le peuple sumérien fournit en parallèle des efforts considérables dans le domaine du renseignement et de l’espionnage, car je fais de la Hongrie, dont la puissance m’inquiète, une cible prioritaire. Dharmasetu se trouve toujours contraint d’être musulman, et en 1000 survient un événement historique: Dharmasetu déclare la guerre à Corvin Matyas! Les Indonésiens et les Assyriens sont désormais en guerre contre les Hongrois, les Phéniciens, les Tibétains et les Allemands. Je jubile, Allah est grand! Il est temps pour l’Islam de mener sa croisade! A laquelle je ne participe pas cependant, faut pas déconner non plus, j’ai tout un empire à remettre à flot. Je décline donc bien aimablement les demandes de Dharmasetu de me joindre à lui.
Grâce à mon réseau d’espionnage, je dispose d’une visibilité sur la guerre hors norme, et devient hystérique à la vue du carnage qui se produit loiiiiin de chez moi. En 1028 je lance ma première caravelle à la découverte de l’océan inconnu, et chéris secrètement l’envie d’être le premier à faire le tour du Monde. Cette même année, il devient de plus en plus difficile pour mes imams de répandre l’Islam en Indonésie, c’est pas bon signe. Malgré tout mes espions convertissent le puissant Indonésien dans l’ombre. Qu’il continue à porter la guerre au nom de l’Islam, ça fait mes affaires.
En 1084, ma seconde caravelle fait la découverte de nouvelles terres, à l’Ouest. Je rencontre Brian Boru des Celtes. Il est barbu mais ne m’inspire pas confiance, car il est le fondateur du Druidisme et croit dur comme fer dans ces âneries. Je tente néanmoins d’entretenir des relations courtoises, car après tout il me reste d’autres peuples à découvrir.
Je fais ensuite la connaissance de Crazy Horse des Sioux, et de Winston Churchill des Anglais. Puis suivent les Turcs et les Incas. Mes caravelles tombent une à une sous les coups des pirates et je ne parviens pas à faire le tour du monde. Et pendant ce temps la guerre froide bat son plein, des agents ennemis opèrent maintenant sur mon territoire, je dois dépêcher un nouvel agent chez Dharmasetu, Eystein le sage, pour soutenir le contre espionnage. Dharmasetu, je m’en rends compte, est un fou dangereux qui s’attaque méthodiquement à chaque civilisation du continent. Il ne connait a priori pas l’existence de l’autre continent, et je garde précieusement mes cartes pour moi. Pendant ce temps également, le Tibet se faire démonter par l’armée assyrienne. Les frontières se redessinent quelque peu au Sud de mon empire. Mon influence culturelle devient oppressante et croît à vue d’oeil au sud de Constantinople.
Après une brève paix, passée quasiment inaperçue, Dharmasetu déclare à nouveau la guerre à Corvin Matyas, tandis que j’échange mes cartes avec les Sioux. Me voilà en possession d’une carte mondiale que beaucoup me jalouseront. Je note que le nouveau monde abrite également les Japonais. Et quasiment tout le monde est druidique.
Le Monde consiste donc, selon les connaissances actuelles, en deux gros continents massifs et une île au Sud-Ouest de nos nouveaux amis.
La tectonique des plaques ne s’est quand même pas crevé les fesses, je m’attendais à un brin plus de complexité dans la répartition des terres. Mais non, on a droit à deux gros blocs, l’un en face de l’autre. On oublie les colonies.
Tirant les leçons du passé, je fais en sorte d’avoir une armée suffisamment imposante pour que l’on me foute la paix, surtout que la surenchère militaire règne en maitre des deux côtés de l’océan. Je me lance dans la recherche de la poudre à canon et des armes à feu, quitte à prendre dans les caisses de l’état pour assurer un rythme soutenu. Avec la menace indonésienne, et la perspective d’une alliance druidique, je m’attends au pire.
En 1304 Dharmasetu adopte le fondamentalisme, devenant donc une puissance musulmane incomparable, menant une croisade sanglante contre l’empire hongrois, lequel en 1324 fonde le Palais Apostolique. L’Islam connaît alors son apogée. Une fois n’est pas coutume, je m’engage aux côtés des Indonésiens dans leur guerre contre les Vikings, hypocrite comme pas deux, car je n’ai pas envie d’être le prochain sur la liste. En plus, je crains le moment où Dharmasetu rebasculera dans le Judaïsme, il sera particulièrement dur de convertir un fondamentaliste. En 1332 les Assyriens me déclarent la guerre.
LA RENAISSANCE
En 1340 je quitte le moyen-âge pour entrer dans la renaissance. Je change d’ère en guerre, ça devient une coutume. Le monde est littéralement à feu et à sang. L’Islam combat le Judaïsme, et les rares peuples chrétiens se déchirent mutuellement pour la possibilité d’envahir un morceau de territoire. Cette même année je découvre la poudre à canon et me lance corps et âmes dans la recherche des armes à feu. J’ai hâte, ça sera super utile contre les chiens de prairie en plus.
Je suis le seul à entreprendre de telles recherches, il me faut donc profiter de cet avantage pour étendre mon empire et affaiblir mes ennemis. J’aide en toute discrétion des rivaux de Dharmasetu, car il ne faut pas qu’il étende trop sa puissance, déjà considérable. Je capture de plus la ville indonésienne de Antioch, qui succombe à l’influence culturelle de Constantinople.
En 1352 j’entre, conquérant, dans la ville assyrienne de Nyingchi, armé des premières bombardes au monde. Je taille mon adversaire en pièces, et découvre le secret des armes à feu en 1416. Fort d’une réserve d’or conséquente, je modernise en grandes pompes l’armée sumérienne. Et fort heureusement d’ailleurs. Cette année Corvin Matyas fait la paix avec Dharmasetu qui, en 1428 me déclare la guerre, juste après s’être reconverti au Judaïsme.
Les furieuses armées indonésiennes font route vers le Nord, j’organise la défense mais ne néglige pas pour autant le combat contre ce traître d’Assyrien. Je capture Gar en 1452. Dharmasetu assiège Antioch qui tient bon, je suis technologiquement en avance et mon armée est la plus moderne. J’envisage même à ce moment de faire durer la guerre et de partir conquérir l’Indonésie du nord. Les Phéniciens viennent se joindre au siège, et disposent eux aussi d’une bonne force de frappe. Je reconsidère rapidement mes rêves de conquête et cède Antioch contre la paix en 1484. Je suis épaté, Dharmasetu doit avoir un petit coup de blues pour abandonner une grosse baston si promptement.
1506 sonne le glas de l’Islam, que j’abandonne au profit du Judaïsme. Je n’ai pas la force d’imposer cette religion, je réalise que cette tentative fut un échec cuisant, même si elle me permit pendant de nombreuses années d’imposer mes vues à Dharmasetu et de lui monter le bourrichon contre Corvin Matyas. Je décide de m’écarter pour longtemps de la guerre, de passer un peu à autre chose. Je viens de découvrir une île au Nord-Ouest de mon territoire et j’ai dans l’idée d’aller fonder une colonie.
En 1534 un coup de tonnerre s’abat sur l’empire sumérien: Corvin Matyas me déclare la guerre. Au départ cette nouvelle ne me fît ni chaud ni froid, notre dernière bataille avait nettement tourné à mon avantage, et il était reparti la queue entre les jambes à Budapest.
Il fonce sur Gar, une conquête de ma campagne contre les Assyriens, et, je dois l’admettre, me massacre la gueule grâce à ses hussards. Son armée est très, très, très puissante. J’offre la ville de Nyingchi à Dharmasetu, ça sera déjà ça que Corvin ne prendra pas. J’imagine que cela l’énervera. Les Hongrois montent alors assiéger Adrianople. En plein siège, en 1550, Dharmasetu propose aux membres du Palais Apostolique de voter l’arrêt de l’agression contre mon peuple.
Le vote échoue, et Adrianople cède rapidement sous les coups hongrois. En fait, mon armée est à l’agonie, mes grands généraux sont morts et rien n’empêche Corvin de s’enfoncer pour conquérir mon empire. Je suis proche de la capitulation, et je me prépare à ce que mon territoire redeviennent celui de 335. Le coup est rude, je digère mal. Je ne l’attendais pas dans ce rôle là, le Hongrois, satané bâtard. Tu me le paieras.
La situation à la frontière devient compliquée. En cédant la ville de Nyingchi aux Indonésiens, je pimente un peu les relations entre Dharmasetu et Corvin. Ce dernier, suite à son invasion de mon empire, néglige de remarquer qu'il coupe le territoire indonésien, et risque par là de se mettre gravement dans la merde.
Y’a quand même pas à dire, Dharmasetu est tout de même un type vachement spontané quand il s’agit de baston. En 1558 il déclare la guerre à Corvin Matyas, et ces deux là vont s’en mettre plein la gueule. J’observe alors, les yeux écarquillés de surprise, les armées hongroises rebrousser chemin pour combattre les forces indonésiennes, abandonnant l’invasion de mes terres. Adrianople reste occupée cependant par une armée conséquente, et ma situation actuelle ne me permet pas de partir la reconquérir. Je croule sous les frais, et parviens à faire la paix avec Corvin en 1578. Qu’il se concentre sur la guerre avec Dharmasetu, ces deux là ont besoin de calme pour s’étriper comme il faut. Ce qu’ils font allègrement, soit dit en passant.
Je me contente alors d’acheter des progrès scientifiques, n’étant plus vraiment en mesure d’assurer un rythme de recherche convenable, et reprend mon idée d’aller coloniser l’île proche de mon empire.
Je découvre avec effroi que Brian Boru et ses Celtes puants ont déjà pris possession de l'île.
Cette proximité avec le Celte me fait froid dans le dos, nos relations furent toujours désastreuses, et le voilà muni d’un avant poste vers mes terres. En 1603, Corvin Matyas capitule et devient le vassal de Dharmasetu, qui a maintenant cinq nations sous ses ordres: les Hongrois, les Vikings, les Phéniciens, les Tibétains et les Allemands. Seul l’Allemand reste catholique, et l’Assyrien indépendant tout comme moi. Cette alliance massive permet à notre continent d’apaiser les tensions, et de limiter les conflits. Y’a de quoi aller castagner de l’autre côté de l’océan de toute façon. Dharmasetu va très certainement vouloir aller faire boum-boum chez ceux d’en face.
1615 est déclarée année du matelot, et l’on met du joli pognon dans la marine pour avoir de beaux bateaux bien balèzes en cas de débarquement, les moussaillons adverses ont l’air de salement souquer et le danger peut désormais provenir de la mer.
1623 marque un tournant dans mes relations avec Dharmasetu, car ce dernier accepte de signer un pacte de défense. Je suis ravi. Si je me fais attaquer par les pouilleux d’en face, je bénéficierai d’un appui précieux, et puis on s’en tape si l’Indonésie est agressée, on laissera faire le sourire aux lèvres. J’aime ce genre de deal. Pendant ce temps je travaille Churchill au corps pour que mes relations avec lui soient au beau fixe, je compte bien avoir un allié sur l’autre continent, ça peut aider, surtout qu’il est cool Winston.
En 1629 je réalise que Dharmasetu n’a pas tout à fait pigé l’idée d’un pacte défensif: mon contre-espionnage identifie des agents indonésiens en train de mettre la foire à New York. Bon. Je passe l’éponge, il est beaucoup trop balèze avec sa horde de vassaux. Un an plus tard, Brain Boru, bourru comme à son habitude, vient me déclarer la guerre. Il me reproche mon insolence, alors que je trouve avoir été plutôt raisonnable, je n’ai même pas fait de vanne puante sur le druidisme. Soit. Qu’il vienne. Mon armée est à jour dans ses vaccins, j’ai de quoi taper, et en plus Dharma est obligé de voler à mon secours. Il va entraîner les trois-quarts du continent dans la guerre, c’est l’allégresse. Les Assyriens ont de plus rejoint ses rangs, on va vraiment s’éclater. Le Japon, vassal des Celtes, va du coup aussi en ramasser plein la prune. On va vraiment, vraiment bien s’éclater.
Ma marine domine honteusement celle du Celte, et protège efficacement mes côtes. Les rares navires qui se jouent de ma vigilance foncent sur Eridu, et les assauts aboutissent à un cuisant échec qui me font bien marrer, surtout que Dharma va lui montrer comment on fait. Bon toutou à son mé-maître ça.
En 1639 Churchill m’enjoint d’aller casser du Turc avec lui. Je lui réponds que pourquoi pas, quitte à avoir une tête de Turc, autant qu’elle soit turque. Je déclare donc la guerre, n’envisageant pas d’envoyer une seule troupe patauger dans une guerre qui n’est pas la sienne.
Notre continent s’organise, se soude: tout le monde est juif et les résolutions du Palais Apostolique vont bon train: on cesse de commercer avec les infidèles, on décide de leur faire la gueule en ricanant bien dans notre coin dans l’espoir qu’ils nous cherchent des poux sur la tête, et que Boum-Boum Dharma décide d’aller leur mettre des coups de tête, pour qu’ils regardent s’il y a des poux dedans.
En 1653, le coeur léger, je lance mes troupes à l’assaut de MON île, et décide d’envahir les villes celtes de Cimmerian et Calleva. J’obtiens alors un coup de pouce inattendu.
Churchill, qui a tout compris à la vie.
Winston vient me proposer d’acquérir la cannelure à bon prix. La cannelure, c’est en fait une rainure en longueur, un sillon. En clair, cette technologie me permet d’avoir des meilleurs flingues, et donc des meilleures troupes, et donc de faire des bonnes guerres bien poilantes. Je modernise vite fait l’armée et entame, serein, l’annexion de l’île.
L’ERE INDUSTRIELLE
En 1658, un auteur-compositeur crée une ballade à vous fendre le coeur pour louer la puissance de l’armée sumérienne. Je finance l’adaptation de la chanson au théâtre, c’est la guerre mais on ne se refuse rien. Pour bien continuer sur cette lancée musicale, je lance la Muezzin Academy afin de dénicher les talents de demain.
Mes canons bombardent Calleva en 1661 et mes troupes en achèvent l’invasion, me rendant maître de ce bout de terre en avant de mon empire. Je signe la paix la même année avec un Brian Boru bien humilié comme il faut, l’oeil torve et la barbe en dépression.
C’est la paix. Je soigne mes relations avec les honorables membre du Palais Apostolique, sans oublier qu’un jour ils paieront pour leurs fautes, et ne néglige pas de toujours avoir un pacte défensif en cours avec Dharma. Ce dernier possède également une colonie à l’extrême Sud de la carte, sur une île glaciale proche des Incas qu’il partage avec les Vikings.
Les Assyriens rasent une ville barbare sous mon nez en 1665,ville que je convoitais en raison de sa position intéressante: elle se trouve juste au sud de mon île et m’aurait permis d’établir mes frontières sur les mers, m’offrant un contrôle total sur la zone. Mais c’est raté. Accessoirement, il y a du gaz et du pétrole à proximité. Je m’en tape un peu, les Assyriens sont mes potes, et j’ai de quoi faire chez moi. Mon territoire possède aussi des gisements d’aluminium. En clair, j’ai de la ressource stratégique à profusion et c’est tant mieux.
Les Assyriens commencent un peu à me casser les noix en 1667 lorsqu’ils construisent la Statue de la Liberté avant moi, alors que j’étais sur le point de la terminer.
"Heuuu... Salut?"
En 1671 les Turcs libèrent leur colonie. Les Polynésiens déclarent leur indépendance et leur leader, Salamasina, vient nous rendre une visite de politesse. Salamasina est une bimbo qui croit que le monde est cool et qu’on désire ardemment chanter ‘Somewhere over the rainbow’ défoncé à l’herbe le soir sur la plage. Je lui fait remarquer aimablement que c’est dommage qu’elle arrive si tard, on avait nous aussi une femme sur notre continent mais notre pote Dharmasetu l’a crucifiée.
« Vous aimez les clous? »
On lance les paris. Je mise le trésor national sur son incapacité à survivre jusqu’au 19ème siècle. J’en connais un à qui ça va donner envie de cogner, cette histoire de nouvelle civilisation.
La vie suit son cours, le bon pognon rentre dans les caisses, la science progresse, on passe l’été en Polynésie et l’hiver chez les castors. J’invite Dharma à venir admirer ces formidables bestioles, mais je sens bien qu’il n’aime pas trop la neige. Il préfère déclarer la guerre à Crazy Horse en 1685, et à son vassal, l’Inca. Il m’invite quelques temps plus tard à me joindre aux festivités, et j’accepte de bon coeur me sachant hors de danger. C’est dommage d’un certain côté, car j’aime bien Crazy Horse même s’il lance de courageux navires à l’assaut de Seattle. Mais il ne pèse pas lourd dans la balance, et puis Dharmasetu a décidé de faire « boum-boum », alors bon…
En 1691 les membres du Palais Apostolique votent l’ouverture des frontières. Notre continent est pacifié. Je protège mes plages avec une force conséquente, érigeant un Mur de l’Atlantique pour reprendre l’expression de papy Tranxenne.
Je débarque mon agent William Melville en Angleterre, afin qu'il infiltre le territoire celte.
L'influence culturelle de Constantinople ronge les frontières indonésiennes.
Au début du 18ème siècle, l’Indonésie est un gigantesque empire qui dispose d’une armée tout aussi gigantesque et d’un leader qui aime un peu trop la guerre. Il faut avouer qu’il a bien mené sa barque l’enfoiré : il a le continent à sa botte et il est en mesure de dicter sa loi à ceux d’en face. J’accorde un certain mérite également au Hongrois qui, à défaut d’être une sale fouine qui me paiera sa traîtrise, a tout de même construit le Palais Apostolique, et a ainsi contribué à l’unification des peuples.
En 1701 je graisse la patte de Winston pour qu’il aille dérouiller du Sioux dont la marine se fait insistante près de chez moi. Et puis j’en ai marre de la guerre avec Crazy Horse, elle est vraiment nulle, on s’ennuie à crever. Je fais la paix quatre ans plus tard, mais les Anglais n’ont pas l’air de m’en tenir rigueur. Les Indonésiens et toute la clique sont toujours dans le conflit (de canard), ce n’est pas comme si je le laissais seul non plus.
J’applaudis Crazy Horse en 1707, date à laquelle il opére une percée sublime sur le continent et capture la ville de Santiago, qui comme son nom ne l’indique pas, appartient à Dharmasetu. Fallait oser.
1708 voit l’arrivée de la première corporation, Mining Inc, et donc des emmerdes, il s’avérera que l’économie n’est pas le point fort de la nation sumérienne. Accessoirement je modernise la marine.
Les villes d'Adrianople (hongroise) et d'Antioch (indonésienne), enclavées dans mon territoire, fournissent un parfait terrain de jeu pour mes espions.
En 1709, Dharma incorpore Crazy Horse dans sa liste de vassaux. Il sera suivi quelques années plus tard par les Incas.
En 1713, je déclare une nouvelle guerre aux Turcs, sur l’invitation de Churchill, en me disant que c’est une bonne idée d’aller emmerder un peu notre tête de Turc turque. En plus, les Polynésiens sont entraînés dans la bataille. Ca promet. Je fonde également Akkad au nord de mon île, et j’accède à un nouveau gisement de gaz naturel. Et trois ans plus tard, Dharma construit Broadway avant moi. Mes rêves de comédies musicales s’évanouissent. On annule la Muezzin Academy. En 1723 je fais la paix avec les Turcs et les Polynésiens qui n’ont jamais vu la couleur de mes troupes.
La guerre froide qui se traîne depuis des années trouve un essor inattendu en cette période, et je contrecarre de nombreux plans visant à me déstabiliser. Mais j’ai le coup de pied trop fébrile pour aller le fourrer entre les jambes du grizzly indonésien, sans doute derrière toutes ces opérations clandestines.
L’Assyrien se retrouve en guerre contre les Celtes, qui débarquent en masse, mais le voisin tient bon, et je lui refile quelques progrès pour qu’il racle la face de Brian Boru sur les graviers.
Sid's Sushi Co. s'installe à Constantinople en 1734.
Arrivé à mi-siècle, j’embrasse l’idée folle de faire croître ma population grâce à la compagnie Sid’s Sushi, qui me permet de générer plus de nourriture grâce aux produits de la mer. J’imagine que le bénéfice que je pourrais retirer des corporations en général me permettra de propulser la nation sumérienne vers la domination, en plus les caisses sont pleines alors autant en profiter. J’adopte la doctrine du marché libre. C’est donc à peu près à cette époque que je fais la plus grosse erreur de mon règne.
Aveugle et mégalomane, je suis une nouvelle fois Churchill sur le sentier de la guerre pour affronter… les Polynésiens. Soit. Churchill prétexte qu’ils représentent une menace. Soit. J’ai un pari à gagner de toute manière.
Un an plus tard les Turcs et les Polynésiens deviennent les vassaux de l’Angleterre. J’adresse mes félicitations à Londres pour cette guerre éclair de toute beauté.
En 1759 je fais face à un choix cornélien: un avion indonésien s’écrase quelque part chez moi, et j’ai la possibilité d’interdire tout accès à l’épave afin de l’étudier, ou d’accueillir à bras ouverts les équipes de secours indonésiennes. Si je fais traîner les choses Dharmasetu le prendra sûrement mal. En plus ça fait longtemps qu’il n’a pas fait la guerre. Je privilégie la diplomatie.
Dharma, fidèle à lui-même, décide d’aller tabasser Churchill un beau jour de 1771. Bah, en même temps c’est son tour. Ca me fait vraiment de la peine pour lui, mais je ne peux rien faire. Malgré notre amitié, je ne m’opposerai pas au mastodonte indonésien. J’entreprends plutôt de grandes réformes, comme celles d’abolir l’esclavage et de favoriser le rationalisme.
Libyan, la capitale polynésienne qui est toujours à l'état de village. Un petit coin de paradis en somme.
En 1776 Dharma me demande de déclarer la guerre à la Turquie, alors aux ordres de Churchill. Donc Dharma me demande indirectement de déclarer la guerre à mon pote Winston. J’accepte.
Cette même année j’investis comme un cinglé dans Sid’s Sushi et espère en tirer de substantiels profits. Vaine tentative car mes voisins deviennent ça et là des régimes bureaucratiques, annihilant mes velléités d’expansion à l’étranger. Le scientifiques suffoquent, les subsides viennent à manquer, l’action Sid’s Sushi dégringole à la bourse de Constantinople, j’envisage le défaut de paiement. Je subis un véritable assaut des corporations étrangères qui s’offrent le luxe de racheter à tout va les succursales du fleuron commercial sumérien.
En 1783, Salamasina est crucifée sur une plage de Lybian comme le veut la tradition. Les Polynésiens ne sont plus, pari gagné.
Bref, ça commence à être la crise, l’inflation me plombe. Dharmasetu prend Winston sous son aile en 1794 et me grille la politesse sur la construction du Pentagone. Décidément… Cette même année j’assiste, furieux, au conseil d’administration de Sid’s Sushi, et engueule copieusement les cadres dirigeants, leur mettant sous le nez des pages de bilans interminables et honteux, comme autant de preuves de leur incapacité à résister face à la concurrence internationale. Je décide alors de créer une nouvelle corporation, Cereal Mils, à Sarmatian. Il faut alors décider de la stratégie à adopter, et je me rends compte alors que, génétiquement, les Sumériens ne sont pas prédisposés à faire du bon business. La première réunion de Cereal Mils tourne au vinaigre:
» Nous lancerons donc un nouveau produit sur le marché: des céréales, que les enfants sumériens dégusteront au petit déjeuner arrosées de lait de bison. Nous proposerons différentes saveurs: chocolat, miel, sucre…
– Mais puisque je me tue à vous dire, bande de crétins, que ce que les bambins veulent au petit déjeuner, ce sont des sushis!
Avec deux entreprises agro-alimentaires implantées, la population bouffe bien mais l’économie continue tout de même de sombrer. Forcément, si la concurrence vient de l’intérieur, on ne s’en sortira pas. Mais je reste aveuglé par mes illusions, j’espère bien voir le continent s’ouvrir au marché. Ce qui n’arrivera jamais, bien que je réussisse à forcer mon ami Assyrien à essayer, en lui glissant dans l’oreille des « tu vas voir c’est super! » ou bien des « Qu’est ce que tu dirais de te réveiller le matin devant un bon bol de sushis baignés dans du lait de bison, hmmm? ».
Le protectionnisme est LE courant à la mode. Je crucifie mon budget, et mes recherches scientifiques prennent du retard. Je me vois contraint de mettre la main au portefeuille pour acquérir certaines connaissances vitales dans ma course à l’armement nucléaire.
En effet, je compte bien être le premier à développer la bombe, pour éventuellement créer un certain chaos chez Dharma afin que ses vassaux le quittent, et que l’on puisse se retrouver face à face à se fracasser la tronche pour la domination mondiale. Je réalise quand même que ce plan est illusoire et constitue vraisemblablement ma dernière chance de victoire. Un plan bien frêle et pourtant très excitant.
Il m’en faudra, des bombes. Dharma modernise son armée: en 1798, si je devais déclarer la guerre, ses chars viendraient broyer ma cavalerie.
L’ERE MODERNE
En 1800 je découvre la physique atomique et me lance furieusement dans la recherche des fusées et des roquettes (pas les salades, les missiles). Je découvre avec émotion que mon territoire est fourni en uranium. Comme celui de Dharma.
En 1805 je sais comment faire des jolis missiles. J’ordonne aux scientifique d’abandonner femmes et enfants et de découvrir au plus vite le secret de la fission nucléaire.
L’Indonésie part en guerre avec ses huit vassaux contre le fondateur du Druidisme, le Celte, et ses deux alliés. Par conséquent les leaders du monde entier défilent un à un dans mon bureau pour me supplier d’échanger le secret des missiles. J’envoie tout le monde se faire foutre avec politesse, l’arme nucléaire reste ma seule chance d’estimer que j’ai encore une chance.
Les Turcs disparaissent en 1808. On décapite Alp Arslan dans un faubourg d’Istanbul un peu avant l’heure du thé. Trois ans plus tard je rejoins la croisade contre les Celtes, ne prenant bien sûr aucun risque vu que Dharma excelle dans l’art du carnage. Je dispose de surcroit d’une imposante flotte qui coupe aux Celtes l’accès à mon territoire.
En 1812 les Sumériens maîtrisent la fission nucléaire. Constantinople commence à travailler sur le projet Manhattan illico, et je sais que je remporterai la course à la Bombe. La guerre se termine en 1815 et Brian Boru rejoint les rangs de l’alliance de Dharmasetu. Restent l’Assyrien, le Japonais et moi encore indépendants. Un an plus tard les Japonais craquent et rejoignent eux aussi le Boum-Boum Club. Je me retrouve donc seul avec les Assyriens à conserver ma liberté.
1816 est donc l’année de la paix, de la solidarité, de l’amitié. L’Indonésie a fédéré la planète, chapeau. Tout le monde est ami, on se téléphone pour se souhaiter joyeux anniversaire et on s’envoie des cartes à Noël. On s’emmerde en somme.
L’année d’après Dharmasetu renie le fondamentalisme religieux, et j’observe, émerveillé, l’Islam se propager comme la peste en Indonésie.
Scrouitch?
Constantinople achève le projet Manhattan en 1820.
Tout naturellement, mes meilleures villes se mettent à produire des missiles nucléaires tactiques, destinés pour la plupart à être chargés dans mes sous-marins que j’adore planquer à proximité de cibles intéressantes.
1831 est l’année du repli sur soi: je cède à la tentation bureaucratique pour anéantir les corporations étrangères sur mon territoire, et bénéficier de quelques sous supplémentaires pour assainir le trésor. Je n’engrange pas suffisamment de bon fric frais pour maintenir un rythme de recherche me permettant de rivaliser avec beaucoup de civilisations, même si, au final, je ne compte pas me lancer dans la course à l’espace.
En Juillet 1835, Frederick II souhaite devenir mon vassal. J'accepte, à la condition qu'il se laisse pousser la barbe.
Fin 1837, mes principales villes produisent alternativement centrales d’énergie et bombes nucléaires. En attendant Allah seul sait quoi, enfin, Jehovah seul sait quoi, le pays se modernise et profite de l’incroyable période de paix que nous connaissons. J’en reste bouche bée, si ça continue on finira par signer des traités de désarmement! Où va le monde, mais où va le monde ma bonne dame?
Le dit monde est divisé en trois: mon empire, au Nord du continent juif, l’empire assyrien au Sud Ouest de mon territoire, et l’empire indonésien qui englobe le continent druidique et une grosse moitié du nôtre plus deux colonies. Je note avec une certaine fierté que mon île est l’unique territoire sur lequel il n’est pas venu faire boum-boum. Je ne me laisse pas abuser par l’accalmie néanmoins, mes sous-marins, pleins de missiles nucléaires tactiques, se mettent peu à peu en position en de nombreux points stratégiques du globe.
Fin 1843 Dharmasetu, logiquement, bâtit les Nations Unies. Ca, ça craint un max. Avec les trois quarts de la planète à sa botte, l’issue des élections ne fait aucune doute. On va élire Boum Boum, c’est du délire.
S’en suit une période d’un ennui mortel animée par différents votes. Je m’oppose vigoureusement à l’adoption de la religion libre l’été de 1850. Faut pas pousser non plus, si ça continue comme ça on va nous enlever toute occasion de se marrer. L’intention est louable néanmoins, elle permettrait d’effacer les rivalités entre druidiques et juifs. Moi je préfère que les druides garde une petite place pour la rancoeur, et décident un jour de se venger de Dharmasetu.
Hiver 1851, le barrage de Sarmatian se brise et des torrents d’une eau furieuse font de nombreuses victimes civiles. Ah putain! Jehovah soit loué! Enfin il se passe quelques chose! Profitant d’une embellie de mes revenus, je débourse comme un prince pour la reconstruction du dit barrage défectueux, et alloue un fond de dédommagement pour les familles affectées par la tragédie.
En hiver toujours, mais quatre ans plus tard, je produis mon premier ICBM. Mon arsenal devient indécent mais tout le monde s’en fout. Tant mieux donc.
L’été 1856 est le pire été de ma vie: on organise l’élection décisive aux Nations Unies. Je suis en lice contre Dharmasetu. Ah! Qui mieux que moi, détenteur du plus terrifiant arsenal nucléaire, pourrait siéger à la tête du monde? Hein? Qui? Boum Boum Dharma? Hahah! Laissez moi rire.
Laissez moi pleurer plutôt. Je n’ai aucune chance et je ne peux pas adopter la doctrine Tranxenne, qui règlerait la question à grands coups de bombes nucléaires, j’en prendrai plein la gueule après.
Janvier 1857, Dharmasetu remporte les élections. Je quitte les Nations Unies furieux et humilié.
EPILOGUE (On s’est quand même sumérien marré)
Nous flânons, vautrés comme des loutres quelques ministres et moi même, au bord du lac de l’ancienne capitale Uruk, à discuter de choses et d’autres, notamment de ces légendaires animaux à la queue plate que nous nommons castors. Nous apprécions avec nostalgie ce moment riche en souvenirs et en promesses, qui nous renvoie quelques millénaires plus tôt à l’aube de notre gloire. Il nous reste en travers de la gorge l’élection de Dharmasetu. L’émotion est exacerbée par l’alcool qui coule par torrents dans nos gorges. Notre ministre du Culte du Castor prend alors la parole, ivre, recrachant des miettes d’un vieux sandwich phoque-mayonnaise:
» Ze… ze ne peux agzepter de laiszer le sort des popuhations de castors zumériens aux mains des Innodésiens, ces gens là n’entendent riiiiiien aux affaires de ces mervieilleux animaux… Il faut faire guelque choze!
– Dites, rien à voir, mais êtes vous sûr que c’est bien casher, le phoque?
– Le castor c’est cacher, ça c’est zûr.
Nous décidons alors de réduire la production sumérienne aux seuls ICBMS et missiles nucléaires tactiques, plus quelques missiles guidés de ci de là pour garnir la frontière du Sud. En 1863 le peuple se met à flipper et proteste contre la prolifération des armes atomiques. Je mets la main au portefeuille et finance de coûteuses campagnes de communication que les mauvaises langues pourraient qualifier de propagande. La même année les membres des Nations Unies rejettent la démocratie, moi je m’abstiens, je n’en ai plus rien à foutre de toute manière. Je n’ai plus aucun contact avec les autres états, je m’enferme et me réfugie bien au nord, dans les neiges éternelles du royaume aux castors à scrouitcher comme un forcené.
Pendant ce temps, l’armée sumérienne prend un petit coup de jeune et va renforcer la frontière avec Dharmasetu et l’Assyrien dont j’oublie toujours le nom. Je ne leur fais pas confiance. Et je compte bien me venger. Je vais tous leur faire payer l’affront des élections. Je leur scrouitcherai la face jusqu’à l’os.
En Janvier 1869 j’achève la construction d’une merveille étourdissante, qu’aucun n’aurait pu prédire et que tous craindront comme la colère de Jehovah:
Fort Castor.
Je sens la puissance des lieux frémir et conférer à la nation sumérienne une force incommensurable (de lapin), tapie dans l’ombre en attendant la fin et le renouveau de toute chose. Erigé face aux ruines d’une ville oubliée, Fort Castor incarne le symbole de l’indépendance sumérienne et le défi lancé aux autres nations. Je leur dis scrouitch à tous!
Candide, je pensais que le réarmement massif sumérien laisserait mes voisins indifférents. Avec Dharmasetu comme secrétaire général des Nations Unies et son envie légendaire de porter le boum-boum chez les autres, le monde devrait se sentir rassuré d’évoluer sous sa coupe. Mais un été de 1870, les services secrets sumériens démasquent une taupe assyrienne qui opère dans les plus hautes sphères du gouvernement. J’achète sa loyauté et les renseignements qu’il possède. Trois ans plus tard c’est un agent sumérien qui passe dans le camp inca. Son exécution est immédiatement ordonnée, Pachacuti va encore plus me faire la gueule mais il paiera le moment venu, lui aussi.
En 1887 la course pour l’espace bat son plein. J’ai mieux à faire, la nation sumérienne devient un état islamiste fondamentaliste. Le bison devient halal, mais le phoque harâm, c’est dégueulasse un steak de phoque. Je ne me déplace plus aux Nations Unies qu’accompagné des plus radicaux fonctionnaires sumériens et n’hésite pas à m’adonner à la prière en pleine séance s’il le faut.
Je me rappellerai toujours la gueule tirée par le reste du monde à l’annonce de la sainte nouvelle. Ah! Dharmasetu propose en réaction une résolution visant à imposer la religion libre au monde entier en 1889. Je m’insurge et claque la porte de la séance au son de « Allah O Akscrouitch! ALLAH O AKSCROUITCH! ».
En Juillet 1891, une terrible famine frappe mes voisins indonésiens à Antioch. Les infidèles me réclament de l’aide. Pour toute assistance je leur envoie mes condoléances hypocrites.
Quelques temps après, je fonde Beaver Town dans le grand Nord, pour inclure Fort Castor dans mes frontières et protéger ce territoire sacré. Barbes et foulards obligatoires. On passe le mot dans tout l’empire, il faut désormais prier tourné vers Beaver Town, c’est Dieu qui le veut. Allah est grand et le castor est son prophète.
Nous sommes alors le premier janvier 1898. Je m’en vais rencontrer Dharmasetu pour lui souhaiter une belle et heureuse année, et comme gage de ma sincérité je lui déclare la guerre:
« Une bonne année Dharma, et la santé surtout! »
Frederick II, toujours mon vassal, tire un peu la gueule quand je lui annonce que nous partons en guerre contre le reste du monde – bien que l’Assyrien reste en dehors du conflit. Il est l’heure de se venger.
Comme le veut la tradition, c’est Londres qui se prend la première bombe.
Tout le monde en prend pour son grade, dont bien sûr Budapest. Je lâche des grappes de bombes atomiques sur cette petite fouinasse de Corvin Matyas.
J’atomise allègrement Jambi, ville natale du Judaïsme qui appartient aux Indonésiens. J’en profite pour nucléariser leur capitale, ainsi que quelques grandes villes de ci de là, bref je me fais plaisir. Je tire trois ou quatre ogives pour chaque cible car les infidèles ont développés des SDI qui interceptent mes missiles. Il y en a toujours au moins un qui passe de toute manière, et j’ai du stock.
La planète sombre dans la folie. J’en mets plein la tronche à tout le monde, c’est le délire, j’adore me venger, je donne sans rien attendre en retour. Je tire des missiles sur tout et n’importe quoi car c’est Allah qui le veut. Les pertes pour mes ennemis sont considérables. D’ailleurs beaucoup de nations deviennent, après le déluge nucléaire, fondamentalistes et prêtes à combattre l’Islam pour la dernière fois.
Le problème de donner sans rien attendre en retour, c’est que généralement on reçoit quand même. Et la riposte est rude, le peuple sumérien fond sous le feu des bombes, l’empire est un vaste champ radioactif invivable où femmes, enfants, hommes et vieillards crèvent à même le sol.
Bienvenue en enfer.
En été 1898, j’offre l’indépendance à mes colonies, Nebuchadnezzar prend la tête des Amorites et s’apprête à prendre sans rien donner en retour. Les Nations Unies sous la banière de Dharmasetu se ruent sur mes villes, et prennent d’assaut le Sud avec une violence incroyable. Je dois même lancer des missiles nucléaires sur mon territoire afin d’anéantir les armées qui se pressent à mes portes. En vain. L’apocalypse est en marche et ma chute avec.
Furieux et aveuglé par la rage, je lance mes onze derniers missiles nucléaires tactiques sur la ville indonésienne de Antioch, objet de nombreuses luttes culturelles entre nos deux peuples. Sa population agonise, réduite à une poignée de survivants destinés à mourir affreusement, rongés par les radiations. Le réchauffement climatique s’emballe, mais le Jihad s’essouffle, mon armée est réduite à néant et seul un groupe de vaillants porteurs de la vraie foi restent pour défendre Beaver Town. Je le jure devant Dieu, jamais cette ville ne tombera. Nous scrouitcherons jusqu’à la mort.
Pendant ce temps Nebuchadnezzar est décapité sur une plage, au coucher du soleil, et Frederick II se fait démembrer à la hache dans son bunker.
Je signe la paix avec Dharmasetu en 1902, après avoir laissé le monde dans un état lamentable. En 1903, Beaver Town devient la capitale de l’empire sumérien, et je distribue mes villes mutilées aux différentes nations pour ne conserver que ce seul lieu de paix, isolé.
J’abandonne l’Islam, la violence et les hommes. J’aborde le nouveau siècle sous le signe du castor roi, de la liberté, et de la paix. Wilhelm Hemprich est béatifié.
Les années passent.
Je réveillonne la veille du troisième millénaire, seul et ivre dans la neige à philosopher avec mes amis castors, un peu bourrés eux aussi. J’exprime sans m’en rendre compte à voix haute une question qui me taraude depuis longtemps: « Ai-je fait le bon choix, amis? »
Le silence qui suit me mortifie, et je me noie dans leurs yeux adorables si pleins d’émotion. Le plus âgé du groupe crie alors en direction du Sud:
« Scrouitch! »
Cette fois je comprends.
Je me lève tant bien que mal et hurle à mon tour « SCROUITCH! SCROUITCH! SCROUITCH! », le poing brandi.
Je suis Scrouitch. Allah est grand et Scrouitch est son prophète.
Tremble, Monde, car tu n’as pas encore connu le pire!